
En résumé :
- La réussite d’un terrassement au Québec ne dépend pas que de la puissance de la machine, mais de la capacité à lire le sol et à adapter sa stratégie en temps réel.
- Le rapport de l’ingénieur est la carte, mais l’expérience de l’opérateur est la boussole pour naviguer les sols argileux, rocheux ou sablonneux.
- Le choix du bon accessoire (godet, marteau, ripper) est une décision économique qui peut transformer la rentabilité d’un chantier.
- Les conditions météo, surtout le gel, ne sont pas des inconvénients mais des paramètres critiques qui dictent les méthodes de remblaiement.
Quand on arrive sur un nouveau chantier, on a beau avoir le plan de l’ingénieur en main, la vraie partie commence quand le godet touche le sol pour la première fois. On pense souvent que le terrassement, c’est une affaire de force brute : creuser, charger, évacuer. Mais les anciens vous le diront, un bon opérateur ne se bat pas contre la terre, il danse avec. Il apprend à la lire, à sentir sa réponse dans les manettes de sa machine. C’est particulièrement vrai ici, au Québec, où en quelques mètres, on peut passer d’une argile collante de la Mer de Champlain à un till glacial compacté ou à un cap de roc.
Beaucoup se contentent de suivre la ligne sur le plan. Ils attaquent le roc comme ils attaquent le sable, s’épuisent, usent la machine et perdent un temps précieux. Ils voient la météo comme une fatalité, sans comprendre comment le gel peut transformer un remblai parfait en une bombe à retardement pour la fondation. La véritable clé du métier, le « gros bon sens de chantier », ce n’est pas de savoir creuser plus fort, mais de savoir creuser plus intelligemment. C’est de comprendre pourquoi un sol se comporte d’une certaine façon et d’anticiper ses pièges.
Cet article n’est pas un cours théorique. C’est un partage d’expérience, du terrain pour le terrain. On va décortiquer ensemble comment transformer le jargon des rapports géotechniques en décisions concrètes, comment reconnaître un sol à sa texture, et surtout, comment adapter sa stratégie, ses outils et son rythme pour que chaque chantier soit non seulement une réussite technique, mais aussi une opération rentable et sécuritaire. On va parler le langage de la cabine, celui de la vibration du moteur et de la résistance du sol.
Pour naviguer efficacement à travers les différentes facettes de ce savoir-faire, cet article est structuré pour vous guider pas à pas, du papier à la pratique sur le terrain. Voici les points que nous allons aborder.
Sommaire : Terrassement au Québec : maîtriser les sols, du rapport à la tranchée
- Lire dans la terre comme dans un livre ouvert : reconnaître les types de sols à l’œil nu
- Terrasser dans l’argile collante ou le roc explosif : deux chantiers, deux stratégies radicalement opposées
- Le piège du sol sablonneux ou la surprise de la lentille d’argile : anticiper les « coups bas » de votre terrain
- Le « couteau suisse » de l’excavatrice : choisir le bon accessoire pour dompter les sols difficiles
- Travailler sous la pluie ou en plein gel : comment la météo transforme votre chantier de terrassement
- Sable, argile, roc : décoder le rapport de votre ingénieur pour comprendre ce qui se cache sous vos pieds
- Le « couteau suisse » de l’excavatrice : maîtriser la stratégie et la rentabilité des accessoires
- Excavatrice ou tractopelle : le duel des reines du chantier pour choisir votre meilleure alliée
Lire dans la terre comme dans un livre ouvert : reconnaître les types de sols à l’œil nu
Avant même de démarrer le moteur, un bon opérateur jette un œil averti sur le terrain. Le rapport de l’ingénieur, c’est essentiel, mais la première lecture du sol se fait avec les mains et les yeux. La couleur, la texture au toucher, la façon dont la terre s’effrite ou colle aux bottes sont les premiers indices. Un sol très foncé et plastique après une pluie ? On est probablement dans de l’argile. Une terre granuleuse qui ne tient pas en boule ? C’est du sable. Ces observations de gros bon sens permettent de se faire une première idée de la réponse de la machine.
Pour aller plus loin qu’une simple supposition, il existe un vieux truc de métier simple et efficace : le test du bocal. Cette méthode permet de visualiser la composition de votre sol en séparant ses trois composants principaux : le sable, le limon et l’argile. L’illustration ci-dessous montre clairement la stratification que vous obtiendrez après décantation. C’est une technique que tout chef de chantier devrait connaître pour valider rapidement la nature d’un sol sans attendre un rapport de laboratoire complet.

Comme vous pouvez le voir, les particules les plus lourdes (le sable) se déposent en premier, suivies du limon, puis de l’argile, beaucoup plus fine. En mesurant la hauteur de chaque couche, on peut déterminer les pourcentages et donc la texture dominante du sol. Cette information est cruciale, car elle influence directement la stabilité des tranchées et la nécessité d’étançonnement.
Le tableau suivant, basé sur des classifications standards, montre comment interpréter les résultats de votre test du bocal et ce que cela implique concrètement sur un chantier québécois.
| Texture du sol | % de sable | % de limon | % d’argile | Implications pour le terrassement québécois |
|---|---|---|---|---|
| Sols sableux | 70 et plus | 0 à 30 | 0 à 15 | Bon drainage, risque d’effondrement de tranchée, besoin d’étançonnement obligatoire |
| Sols limoneux | 0 à 20 | 80 et plus | 0 à 15 | Stabilité modérée, sensibilité au gel modérée, drainage variable |
| Sols argileux | 0 à 45 | 0 à 40 | 25 et plus | Bonne stabilité courante, sensibilité extrême au retrait/gonflement (Champlain), drainage problématique |
| Sols loameux (équilibrés) | 40 à 60 | 30 à 50 | 15 à 25 | Conditions optimales pour la plupart des constructions, équilibre stabilité/drainage |
Terrasser dans l’argile collante ou le roc explosif : deux chantiers, deux stratégies radicalement opposées
L’expérience d’un opérateur se mesure à sa capacité d’adapter sa stratégie de passe. Creuser dans l’argile de la vallée du Saint-Laurent n’a rien à voir avec attaquer le Bouclier canadien. Dans l’argile, surtout quand elle est humide, le défi n’est pas la dureté, mais l’adhérence. Le godet devient lourd, la terre colle, le vidage est lent et la machine force inutilement. La bonne approche est d’utiliser un godet de curage lisse, de prendre des passes moins profondes et de trouver le bon angle pour « peler » la terre plutôt que de la « mordre ».
Le roc, c’est l’exact opposé. C’est un combat de force brute où chaque centimètre se gagne. La machine vibre, le bruit est assourdissant et l’usure est maximale. Ici, la question n’est pas seulement technique, elle est aussi économique. Comme le souligne un expert en fondations, l’impact de ces sols est majeur au Québec. Dans un article sur les problèmes de fondation, Bisson Expert rappelle que « au Québec, l’affaissement des fondations est un problème très répandu. Dans le Grand Montréal, les principales causes sont liées à la nature du sol : la Mer de Champlain a laissé une argile particulièrement sensible aux cycles pluie/sécheresse. »
Cette différence se reflète directement sur la facture. Selon les estimations du marché, les tarifs de terrassement au Québec varient considérablement, allant de **130 $ à 250 $ l’heure pour une excavation en argile**, mais grimpant entre **200 $ et 300 $ l’heure** dès qu’un marteau hydraulique est nécessaire pour le roc. Cette hausse de coût justifie une analyse stratégique poussée avant de commencer.
Étude de cas : Le dilemme du roc en milieu urbain à Québec
Sur un chantier de construction en milieu urbain dense, un entrepreneur devait excaver un sous-sol dans du roc. L’option mécanique (marteau hydraulique) était lente et extrêmement bruyante, causant des plaintes du voisinage. L’alternative, le dynamitage, semblait plus rapide. Cependant, le processus est lourd : il faut un permis municipal, un plan de sautage d’ingénieur, et surtout, l’inspection pré-dynamitage des bâtiments voisins. Bien que le dynamitage puisse ajouter **15 à 25% aux coûts directs** à cause de ces obligations, il reste souvent plus rentable pour de gros volumes. Dans ce cas précis, la proximité de lignes électriques d’Hydro-Québec et de fondations anciennes a fait pencher la balance vers une solution mixte : un dynamitage contrôlé pour fracturer le roc massif, suivi d’une extraction au marteau, optimisant ainsi le temps et maîtrisant les risques.
Le piège du sol sablonneux ou la surprise de la lentille d’argile : anticiper les « coups bas » de votre terrain
Les sols homogènes, même difficiles, sont prévisibles. Le véritable cauchemar d’un opérateur, ce sont les surprises, les hétérogénéités cachées sous la surface. Un sol apparemment stable peut cacher une « lentille d’argile », une poche imperméable qui piège l’eau et crée une zone de boue instable. En creusant, la machine s’enfonce soudainement, et le fond de l’excavation devient un bourbier. C’est un risque majeur pour la stabilité des fondations, pouvant causer des tassements différentiels des années plus tard.
Un autre piège classique au Québec est le sol gélif. Ce n’est pas le gel lui-même qui est dangereux, mais la combinaison du gel, de l’eau et d’un certain type de sol. Comme le précise l’APCHQ, il faut être particulièrement vigilant avec certains matériaux. Une note de l’association explique que les « sols considérés comme les plus gélifs sont les sols fins présentant une granulométrie inférieure à 0,02 mm, notamment l’argile et le silt moyen à fin. » L’eau présente dans ces sols fins remonte par capillarité vers le front de gel et forme des lentilles de glace qui font « gonfler » le sol. Au dégel, le sol s’affaisse, créant des contraintes énormes sur les structures.
La pire erreur est de remblayer une fondation avec le matériau gélif excavé sur place, surtout en hiver. On croit faire une économie, mais on installe une bombe à retardement sous la maison. La règle d’or est simple : **tout matériau de remblai sous une fondation ou une dalle doit être certifié non gélif**, comme du gravier ou du sable concassé (MG-20). Anticiper ces pièges n’est pas une option, c’est une obligation pour garantir la durabilité de l’ouvrage. Il faut savoir « penser comme l’eau » et imaginer son parcours dans le sol pour identifier les zones à risque.
Le « couteau suisse » de l’excavatrice : choisir le bon accessoire pour dompter les sols difficiles
Une excavatrice sans le bon accessoire, c’est comme un menuisier avec un seul tournevis. La polyvalence et l’efficacité d’une machine dépendent entièrement de ce qui est au bout du bras. Le godet standard est un bon point de départ pour des sols meubles, mais il montre vite ses limites. Face à l’argile collante du Québec, un godet de curage lisse fait toute la différence en réduisant l’adhérence et en accélérant les cycles. Contre le roc, l’opérateur a plusieurs options stratégiques.
Le marteau hydraulique est la solution la plus directe, mais elle est coûteuse et bruyante. Parfois, une approche plus fine est plus intelligente. La dent de déroctage (ripper) est un outil formidable et souvent sous-utilisé. Dans du roc fracturé ou du till très compact, comme on en trouve dans les Laurentides, le ripper permet de « déchausser » et d’ameublir le matériau. Cela rend l’extraction au godet standard beaucoup plus facile et rapide ensuite, avec une consommation de carburant et un coût horaire bien moindres que le marteau.
Le choix de l’accessoire n’est pas qu’une question technique, c’est avant tout une décision économique. Le tableau suivant présente un comparatif des accessoires les plus courants et de leur contexte d’utilisation optimal au Québec.
L’analyse comparative des outils disponibles est fondamentale. Pour optimiser un chantier, il est crucial de comprendre les forces et faiblesses de chaque accessoire, comme le détaille une analyse récente des équipements d’excavation.
| Accessoire | Type de sol optimal | Avantages | Limitation | Contexte québécois |
|---|---|---|---|---|
| Godet standard | Argile, silt, sable | Polyvalent, peu coûteux | Inefficace sur roc, adhérence en argile mouillée | Usage courant sur chantiers résidentiels |
| Godet de curage lisse | Argile saturée, argile de Champlain | Réduit l’adhérence et collage | Faible pour matériaux granulaires durs | Essentiel pour l’argile collante québécoise |
| Dent de déroctage (ripper) | Till compact, roc fracturé, roc très dur | Ameublit avant extraction mécanique, moins coûteux que dynamitage | Usage limité, nécessite suivi avec godet | Très utile dans les Laurentides et l’Estrie (till glaciaire dense) |
| Marteau hydraulique | Roc, béton démoli | Extraction directe, transformation en débris réutilisables | Coûteux (200-300 $/heure), très bruyant | Alternative au dynamitage urbain, gains économiques en concassage sur place |
| Godet concasseur | Roc excavé, débris de béton, granulats | Transformation immédiate en matériau réutilisable (remblai MG-20) | Investissement initial, nécessite espace | Économies substantielles : évite coût de transport et d’achat de granulats |
| Plaque vibrante hydraulique | Remblai granulaire, sable, gravier | Compaction finale optimale, densification uniforme | Utilité limitée en excavation, plus en finition | Obligatoire pour remblais sous dalles (Norme québécoise) |
Travailler sous la pluie ou en plein gel : comment la météo transforme votre chantier de terrassement
Un opérateur d’expérience regarde la météo non pas pour savoir s’il doit mettre son manteau, mais pour savoir comment son chantier va se comporter. La pluie transforme un sol argileux bien stable en une patinoire impraticable où les machines perdent toute traction et où la terre devient une colle. La productivité chute, et les risques de sécurité augmentent. La seule stratégie viable est souvent de suspendre les travaux de terrassement pour se concentrer sur la gestion de l’eau : pompage, création de rigoles de drainage temporaires.
Mais le véritable ennemi de l’excavateur au Québec, c’est le gel. Comme le rappelle le CERIU (Centre d’Expertise et de Recherche en Infrastructures Urbaines), ignorer ce facteur peut avoir des conséquences désastreuses. L’organisme souligne que « la pénétration du gel hivernal qui atteint un sol gélif humide ou saturé d’eau peut entraîner un soulèvement important de la tranchée ». Travailler en hiver demande donc une rigueur et une méthodologie sans faille. Le sol excavé ne doit jamais être réutilisé pour le remblai s’il est gélif, et le compactage doit être effectué avec des matériaux granulaires importés, avant que le gel ne pénètre en profondeur.
La protection des fondations fraîchement coulées est également une priorité. L’utilisation de géotextiles isolants ou de couvertures chauffantes n’est pas un luxe, mais une nécessité pour s’assurer que le sol sous les semelles ne gèle pas, ce qui annulerait toute la qualité du travail effectué. Ignorer ces protocoles, c’est prendre le risque de voir apparaître des fissures dans les fondations dès le premier printemps.
Plan d’action : Protocole pour le travail en conditions de gel au Québec
- Vérification préalable : Faire vérifier la gélivité du sol excavé par un laboratoire avant le début des travaux hivernaux. L’essai Proctor est la référence.
- Interdiction formelle : Si le sol natif est gélif, interdire son utilisation et son compactage pour le remblaiement en période de gel. Planifier l’importation de matériaux conformes.
- Isolation des fondations : Mettre en place des barrières isolantes (panneaux de polystyrène, géotextiles spécifiques) pour protéger le sol sous les semelles du gel.
- Choix du remblai : Utiliser exclusivement des matériaux granulaires non gélifs (sable, gravier, pierre concassée MG-20) pour le remblaiement autour et sous les fondations.
- Contrôle de la température : Si du bétonnage est nécessaire, chauffer la zone pour maintenir une température minimale de 4°C au sol. Documenter les températures lors du compactage pour les assurances.
Sable, argile, roc : décoder le rapport de votre ingénieur pour comprendre ce qui se cache sous vos pieds
Le rapport géotechnique, c’est la première pièce du puzzle. Pour beaucoup, c’est un document rempli de jargon technique qui finit au fond du camion. C’est une erreur. Savoir le décoder, c’est comme avoir une carte au trésor : elle vous dit où sont les pièges et où se trouvent les zones sûres. Deux ou trois chiffres clés dans ce rapport peuvent changer toute votre approche du chantier. Le plus important est la capacité portante, exprimée en kilopascals (kPa). Ce chiffre vous dit simplement quel poids le sol peut supporter avant de s’affaisser.
Par exemple, les études géotechniques québécoises précisent qu’il faut viser une capacité portante d’au moins 180 kPa pour des piliers reposant sur un till de compacité moyenne à dense. Si votre rapport indique une valeur inférieure, vous savez immédiatement que les semelles de fondation devront être plus larges pour mieux répartir la charge, ou qu’il faudra peut-être envisager des pieux. C’est une information cruciale qui impacte directement le budget et le calendrier.
L’autre point à surveiller de près dans un rapport pour le sud du Québec, c’est la mention de ** »l’argile de la Mer de Champlain »**. Comme le note une étude sur la géologie régionale, « les argiles de la Mer de Champlain, d’épaisseur variable, s’étendent sur la majorité des basses-terres du Saint-Laurent et constituent le sous-sol de la plupart des constructions du Grand Montréal ». Cette argile a la particularité de gonfler avec l’humidité et de se contracter en séchant. Si votre rapport la mentionne, c’est un drapeau rouge : le risque de mouvement des fondations est élevé. La « traduction sur le terrain » de cette information est claire : il faudra probablement prévoir un drainage périphérique impeccable, un remblai isolant, voire des fondations sur pieux pour s’ancrer plus profondément dans un sol stable. Ignorer ce détail, c’est garantir des problèmes de fissures à long terme.
Le « couteau suisse » de l’excavatrice : maîtriser la stratégie et la rentabilité des accessoires
Posséder le bon accessoire est une chose, l’utiliser de manière stratégique en est une autre. La rentabilité d’un chantier se joue souvent sur des décisions qui vont au-delà de la simple exécution. Il s’agit de penser à l’ensemble du cycle des matériaux : excavation, évacuation, et approvisionnement. C’est là que des outils comme le godet concasseur deviennent révolutionnaires. Au lieu de payer pour charger du roc, le transporter à la décharge, puis payer à nouveau pour faire livrer du granulat de remblai, cet accessoire transforme un déchet coûteux en une ressource précieuse, directement sur place.
L’investissement initial ou le coût de location est plus élevé, mais le calcul de rentabilité doit être global. Pensez aux économies sur le transport, les frais de décharge et l’achat de matériaux neufs. Sur de nombreux chantiers québécois où le roc est présent, l’amortissement est extrêmement rapide. C’est un changement de mentalité : on ne fait plus juste « enlever » le roc, on le « recycle » en direct.
Cette logique s’applique à toute la chaîne d’opérations. Une plaque vibrante hydraulique fixée à la pelle permet de compacter le remblai en couches successives avec une efficacité et une uniformité qu’un compacteur manuel ne peut atteindre. Cela garantit le respect des normes de densification et évite les tassements futurs, tout en gagnant un temps considérable. Le secret n’est pas de travailler plus vite, mais de réduire les étapes et de valoriser chaque matériau présent sur le site.
Cas d’étude : Le godet concasseur dans les Laurentides, une économie de 35%
Sur un projet de fondation dans un secteur rocheux des Laurentides, un entrepreneur a fait face à un volume important de roc. L’approche traditionnelle (dynamitage ou marteau, puis évacuation) s’avérait très coûteuse en raison de l’accès difficile en montagne. En optant pour la location d’une excavatrice avec un marteau hydraulique et un godet concasseur, il a pu pulvériser le roc excavé et le transformer directement en remblai granulaire de type MG-20, conforme pour le remblaiement. Le résultat fut une économie totale estimée à 35% sur le poste « gestion des sols et matériaux », en éliminant les frais de permis de dynamitage, les coûts de transport en camion et le coût d’achat du granulat.
À retenir
- La capacité portante (en kPa) et la mention d’argile sensible (Mer de Champlain) sont les deux informations vitales à tirer d’un rapport géotechnique.
- Dans l’argile, la stratégie est de « peler » le sol avec un godet lisse ; dans le roc, il faut choisir entre la force brute du marteau et la finesse du ripper.
- La rentabilité d’un accessoire ne se mesure pas à son coût horaire seul, mais à sa capacité à optimiser le cycle complet des matériaux sur le chantier (ex: godet concasseur).
Excavatrice ou tractopelle : le duel des reines du chantier pour choisir votre meilleure alliée
Le choix de la machine principale est la première décision stratégique. Souvent, on oppose l’excavatrice (pelle mécanique) à la tractopelle (pépine) comme si l’une était simplement une version plus grosse de l’autre. En réalité, elles ont des philosophies de travail très différentes. L’excavatrice, qu’elle soit sur chenilles ou sur pneus, est une spécialiste de l’excavation. Sa force réside dans sa portée, sa profondeur de creusage et sa rotation à 360 degrés, qui lui donnent une productivité inégalée pour creuser des fondations, des tranchées ou pour charger des camions depuis un point fixe.
La tractopelle, quant à elle, est la reine de la polyvalence. Elle combine un chargeur frontal et une rétrocaveuse à l’arrière. Elle peut creuser, mais aussi charger, niveler, transporter des matériaux sur de courtes distances et se déplacer rapidement sur un chantier grâce à ses roues. Sur un chantier résidentiel où l’espace est limité et où il faut enchaîner excavation, remblaiement et nivellement final, la tractopelle est souvent plus agile et rentable qu’une grosse pelle qui nécessiterait l’appui d’un autre engin pour la finition.
L’illustration ci-dessous montre bien cette complémentarité : l’excavatrice, puissante, travaille en profondeur, tandis que la tractopelle, agile, gère les matériaux en surface.

Le choix dépend donc entièrement du contexte. Pour une fondation de 1000 pi² sur un grand terrain à Mirabel, une excavatrice standard sera plus productive. Pour une extension en arrière-cour dans Rosemont, avec un accès étroit, une mini-excavatrice sera la seule option possible, malgré sa productivité moindre. La décision se base sur un arbitrage entre volume à excaver, espace disponible et polyvalence des tâches à accomplir. Il n’y a pas de « meilleure » machine, seulement le meilleur outil pour un travail donné.
En fin de compte, que vous soyez aux commandes d’une mini-pelle agile ou d’une excavatrice de 20 tonnes, la machine n’est qu’un prolongement de votre propre jugement. Savoir lire le sol, anticiper ses réactions et choisir la bonne stratégie est un art qui s’apprend avec l’expérience, l’observation et une bonne dose de gros bon sens. C’est cette expertise qui fait la différence entre un chantier qui subit les imprévus et un chantier qui les maîtrise. Pour mettre en pratique ces conseils et assurer la rentabilité et la sécurité de vos prochains projets, l’étape suivante consiste à analyser systématiquement chaque nouveau terrain à travers cette grille de lecture.
Questions fréquentes sur l’adaptation du terrassement aux sols québécois
Qu’est-ce que la capacité portante et pourquoi est-elle cruciale ?
La capacité portante, mesurée en kilopascals (kPa), indique la pression maximale que le sol peut supporter sans risque d’affaissement. C’est un chiffre fondamental du rapport géotechnique car il détermine directement la largeur des semelles de fondation nécessaires pour répartir le poids du bâtiment de manière sécuritaire.
Que signifie « argile de la Mer de Champlain » pour ma fondation ?
Il s’agit d’une argile très présente dans la vallée du Saint-Laurent, connue pour sa grande sensibilité à l’eau. Elle gonfle lorsqu’elle est humide et se contracte fortement en séchant (retrait). Ce cycle cause des mouvements de sol importants qui peuvent fissurer les fondations. La présence de cette argile impose souvent des solutions spécifiques comme des fondations sur pieux ou un drainage renforcé.
Quand doit-on recommander une dalle structurale sur pieux plutôt qu’une fondation superficielle classique ?
Une dalle structurale sur pieux est recommandée lorsque le rapport de sol indique la présence d’une couche d’argile instable, d’un sol organique de faible portance, ou une nappe phréatique très haute. Cette technique permet de reporter les charges du bâtiment sur une couche de sol plus profonde et stable, en désolidarisant la fondation des mouvements du sol de surface.
Qu’est-ce qu’une « lentille d’argile » et pourquoi pose-t-elle problème en terrassement ?
Une lentille d’argile est une couche ou une poche d’argile isolée au milieu d’un autre type de sol (sableux ou limoneux, par exemple). Elle agit comme une barrière imperméable, bloquant l’écoulement de l’eau et créant des zones de saturation instables. Lors de l’excavation, ces zones peuvent se transformer en bourbier et, sous une fondation, causer des tassements différentiels sévères.
Comment identifier un sol gélif sur mon terrain ?
Un sol est potentiellement gélif s’il combine deux facteurs : une forte proportion de particules fines (silt, argile) et la présence d’eau. Visuellement, ce sont des sols qui restent humides longtemps. La méthode la plus fiable est l’analyse en laboratoire (essai Proctor) qui détermine son indice de gélivité. Les silts sableux et argileux sont parmi les plus gélifs au Québec.
Quelles sont les conséquences d’une remise en place d’un remblai gélif en hiver ?
Remblayer avec un matériau gélif en hiver est une erreur critique. Le gel va faire remonter l’eau par capillarité et former des lentilles de glace dans le remblai. Ces lentilles vont « gonfler » le sol durant l’hiver, pouvant soulever les dalles et les structures légères. Au printemps, le dégel entraîne un affaissement du sol, créant des vides sous les dalles et des fissures dans les fondations.